Actualité septembre 2014

IMAGE DU MOIS – Septembre 2014 – « L’Écran »

L’Écran par Alain Carle Architecte

CRÉDITS:

Architecte: Alain Carle
Entrepreneur: Paul Lalonde et Fils
Photographe: Adrien Williams

Lieu: Wentworth-Nord, Québec, Canada
État: Complété (2013)
Type de construction : Bois et Acier
Revêtement: Brique peinte en noir et cèdre rouge
Aire : 5405 pi2

La contrainte contextuelle de ce projet situé au bord d’un lac a permis de poursuivre l’exploration des possibilités d’un travail axé sur des considérations perceptuelles. De faible profondeur, le présentait plusieurs contraintes de marge de recul (abords de lac, de ruisseau, de rue, etc.). L’aire constructible était donc plutôt étroite et irrégulière, ce qui offrait toutefois l’occasion de concevoir un projet hors des préceptes types de la résidence « de style ». La difficulté d’implantation a par ailleurs facilité les échanges avec les maîtres d’ouvrage lors de la présentation du concept, car il ne pouvait être question ici de forme idéalisée. Au contraire, le site imposait une démarche conceptuelle non préméditée, ancrée dans les possibles plutôt que les acquis.

Le projet a donc suivi un long processus de maturation, où la complexité géométrique a été scrupuleusement validée sur place afin de confirmer ou de rejeter certaines données relatives 
à la qualité perceptuelle qui en résulterait. Car il s’agissait essentiellement d’obturer le rapport 
à la rue tout en valorisant la perception du lac, tant depuis l’intérieur de la résidence que de la rue, en laissant des percées visuelles aux endroits où étaient autrefois balisés les sentiers empruntés par des draveurs qui longeaient le lac.

Tel un paravent, la forme résultante de l’ensemble s’articule autour d’un lieu « charnière », vide géométrique issu du travail de pliage de l’espace : il a été convenu de le destiner à l’accès principal du bâtiment. Ce lieu forme la seule brèche majeure de la résidence, perceptible depuis le chemin entourant le lac. Cette sorte de courette donne sur la rue et crée une transition entre le vide environnant et les limites de la construction, dans l’esprit des « découpes » des projets « Les Marais » ou « La Coupe ». Elle cadre l’accueil et crée surtout une transparence qui révèle, à travers deux épaisseurs de paroi vitrée, une vue « choisie » sur le lac. Autour de ce point central, un escalier de forme hélicoïdale s’implante à la jonction des deux axes principaux des corps de bâtiment et permet la communication entre les deux étages en un point de rencontre géométrique à la fois complexe et riche en « points de vue ».

L’accès réservé aux véhicules, en fait le principal mode d’accès, avoisine une sorte de corridor extérieur menant à la courette. Ce parcours renvoie au langage spatial du projet « La Coupe », où la géométrie du vide laissé par le détachement de deux parois invite au parcours. En quelque sorte, cet espace « récupère » donc un lexique spatial qui se complexifie au gré des projets.

À l’intérieur, une succession « d’objets-espaces » blancs occupe le centre des aires de sol, comme de grands meubles aux formes variées. Ils « obturent » le lieu au lieu de le cloisonner, offrant différentes options de trajets au sein du bâtiment et, du même coup, de multiples points de vue sur le paysage de la résidence même et de ses environs.

Le langage matériel du projet poursuit la notion de « couches » des précédentes expériences. Une enveloppe de brique de recyclage est peinte en noir pour révéler sa qualité d’enceinte, d’écran visuel neutre. Des découpes franches sont ensuite pratiquées dans cette enveloppe pour révéler les zones habitables (dont la courette d’accueil), en marge des composantes programmatiques prescrites par le client. Ces lieux « résiduels » sont issus de manipulations successives de la forme et deviennent, par leur aspect non prémédité, les lieux potentiellement les plus significatifs du projet, à savoir ceux qui accueilleront les moments de contemplation des occupants.

En quelque sorte, ce projet pourrait être la synthèse des « tentatives » nées de l’expérimentation qui a donné lieu aux trois autres projets présentés. Il s’articule en effet autour d’une démarche conceptuelle où les règles de composition géométrique ne tendent plus vers une idéalisation mais une expérimentation de la forme. Par extension, cette démarche pourrait renvoyer à la nécessité de replacer l’expérience architecturale au cœur du débat sur l’avenir de notre environnement : celui qui est déjà là, qui est déjà visible.”

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Source : Alain Carle et Alexandre Lemoyne, Alain Carle architecte